Illustration par Ruby Taylor @rubyst
Il y a des personnes qui rentre dans votre monde, et qui y demeure pour toujours. Mon amie Maimouna fait partie de ces gens là. 23 ans d’amitié. Des océans, des années, des choix de vies, mais toujours toujours beaucoup de ressemblances dans nos réflexions, d’admiration pour la résilience démontrée et la joie de vivre. Quand je pense à Maimouna, je pense à Ségolène proclamant devant un auditoire en Guadeloupe : “Femme Debout!”
Voici le Dakar de Maimouna:
Depuis quand vis-tu à Dakar?
J’habite à Dakar depuis plus de 4 ans maintenant, après avoir vécu au Niger, mon pays d’origine, au Nigeria et en France.
Qu’est ce qui rend Dakar si spéciale?

Crédit photo: Maimouna
Je suis une amoureuse de la mer, étrange me direz-vous, venant d’une fille du désert. Mais l’eau est définitivement mon élément. Dakar est une presqu’île. Cela signifie que vous avez une vue sur la mer d’à peu près partout et c’est un régal.
Lorsque la vie me malmène j’arrive donc à retrouver ma sérénité sans trop d’efforts, à la pause de midi je m’échappe de ma tour et me voilà seule au monde avec l’immensité. En sortant d’une longue journée elle est là pour m’aider à évacuer à faire fondre mes angoisses avec un beau coucher de soleil. Le week-end j’initie mes deux filles à ce bonheur en déjeunant les pieds dans l’eau.
Et lorsque ce n’est pas possible, elle est tout de même là, comme un ange protecteur, la mer me suit partout, tout le temps, bienveillante. Je la vois, de ma salle de réunion à travers la fenêtre, dans les embouteillages en longeant la plage sur la corniche, en faisant mes courses au centre commercial, et je la verrai aussi un jour, quand je m’y mettrais enfin, sur le parcours sportif en bord de mer qui a été installé.
Les pour et les contre de la vie à Dakar?
Le POUR :
c’est une ville cosmopolite, où se côtoient beaucoup de nationalités différentes. Le Sénégal, grâce à sa stabilité économique et politique, est devenu une terre d’accueil.
Aussi, les marchés et supermarchés regorgent de produits de différentes origines, les restaurants proposent des spécialités argentines, éthiopiennes, coréennes, japonaises, brésiliennes, cap-verdiennes, marocaines, italiennes, indiennes, etc. ainsi que des formules d’after-work pour se rencontrer.
Une autre heureuse conséquence est que l’offre de services de loisirs est dense pour un pays africain. Vous pouvez faire de la plongée, de la pétanque, vos enfants peuvent même faire du patinage sur « glace » et s’exercer aux sports urbains au skate park, vous pouvez vous initier au surf ou au jet-ski, mais également à la zumba. Faire une partie de paintball, ou même du quad. Enfin, vous avez accès à des soins de santé de qualité, un enseignement supérieur solide et la ville est très bien desservie par les compagnies aériennes. Culturellement, le Dak’art city se fait une réputation, ainsi que la Dakar Fashion week. Les événements s’enchaînent au Grand Théâtre et au Sorano et les concerts d’artistes internationaux se multiplient.
Toutefois, Dakar n’a pour autant pas perdu son identité et son côté africain. La ville est connue pour ses nombreux marchés typiques, sa mode traditionnelle ou encore sa gastronomie locale.
Ainsi, vous y avez le choix, d’une vie moderne et/ou traditionnelle et c’est une liberté dont il est rare de jouir dans une capitale, fusse-t-elle africaine ou occidentale.

Crédit photo: Maimouna
Le CONTRE :
Tout ceci fait de Dakar une des villes les plus chères d’Afrique. La population expatriée – à laquelle j’appartiens, il ne s’agit pas ici de jeter la pierre à qui que ce soit mais d’être objectif – fait flamber les prix, à commencer par l’immobilier (rappelez vous, c’est une presqu’île qui ne peut donc pas s’étendre indéfiniment), avec leurs hauts salaires et leurs subventions. Il n’est donc pas rare de voir des dakarois de plusieurs générations contraints de déménager toujours plus loin dans les banlieues.
Tes spots favoris : Restaurant/Brunch/Pub

Crédit photo: Maimouna
Le choix est pléthorique et je préviens d’avance que mon vote n’est ni celui d’un gastronome au fin palais, ni celui, objectif, d’un critique touristique affûté. Non, moi je marche au coup de cœur. Et le mien a été celui du Marina Bay. Une plage privée, une piscine ET un restaurant de qualité. Une décoration pétillante, des crabes qui vivent leur vie sur la plage et une mer calme grâce à la digue qui nous met à l’abri des humeurs des marées. Une table plus que correcte même si la carte n’est pas kilométrique et vous avez des enfants, des parents et même des grand-parents (si, si j’ai testé) heureux.
Pour les gourmets, le Restaurant Gastronomique de l’hôtel Terrou Bi est une référence. Pour les romantiques, le Lagon vous comblera lorsque vous dégusterez des langoustes sur un ponton transparent par dessus les eaux. Pour les branchés, la table du Buddha Bar et son ambiance lounge est faite pour vous.
Je voudrais tout de même rajouter un mot sur les boulangeries de Dakar. Franchement, la grosse gourmande que je suis n’est pas du tout nostalgique de Paris sur cet aspect des choses et ça a été une belle surprise. Il y a assez de bonnes adresses pour ne pas s’ennuyer et se régaler, et la plupart de ces adresses livrent à domicile, ce qu’une boulangerie parisienne n’offre pas. Pour mon top 3, entre la Royaltine, Eric Kayser et la Marquise, mon cœur balance. Petite précision pour finir, je ne parle pas de pain ici – le sénégalais adore le pain alors vous en trouverez partout – bien qu’il soit proposé sous des formes multiples et délicieuses dans ces boulangeries. Non, je parle de choses sérieuses !!
Tes spots favoris: Vetements/Beauty shop
Je suis tout sauf coquette. J’aurais aimé pouvoir vous transmettre une adresse secrète où chiner des merveilles de mode et des bons plans beauté mais, hélas, j’avoue ma totale incompétence en ce domaine.
En revanche, les sénégalaises sont très coquettes et très apprêtées donc je ne doute pas que vous trouviez votre bonheur à Dakar. Le Sénégal est également réputé pour ses belles broderies sur bazin, mais là également je ne suis pas une experte, je me contente d’apprécier. Enfin, grâce à son port et à son aéroport international bien desservis, il existe beaucoup de services de livraison de commandes passées en Europe ou aux Etats-Unis. Par conséquent même si vous ne trouvez pas votre bonheur sur place, vous pouvez vous faire livrer sans trop de délais.
Je peux par contre ajouter que la nappy que je suis n’a pas de mal à trouver un salon ou des produits adaptés, pour peu que je puisse trouver 5 minutes dans mon planning pour m’y rendre. Je me coiffe au Coup de Tête, le salon de l’hôtel Pullman en centre ville et j’en suis très satisfaite. Ils m’ont fait découvrir le merveilleux et magique SteamPod pour les fois ou je me sens d’humeur « cheveux lisses et, allez j’avoue, peignables» et c’est vraiment très bien fait. En revanche, ce n’est pas l’endroit qu’il vous faut pour des tresses ou des tissages ; pour ça vous avez des petits salons à chaque coin de rue qui feront très bien l’affaire.
Je peux également vanter le Ryad Al Sultan, où je m’épile mais surtout surtout, où les massages, gommages corporels et hammam sont un délice. L’ambiance est cosy à souhait, vous entrez dans une bulle de bien être, on vous enveloppe de douceur et de bienveillance et vous oubliez le quotidien instantanément. Pour avoir essayé plusieurs spa, c’est le meilleur rapport qualité prix que j’ai fini par adopter.
Qu’est ce que vous aimez le plus chez les Dakarois?

Crédit Photo : Maimouna
Ce que j’admire le plus chez le dakarois en particulier, et le sénégalais en général, c’est son amour inconditionnel pour son pays. Ils portent tous fièrement leur pays en eux et même si d’aucun diront que ça les rend prétentieux et un brin subjectifs, je trouve moi que l’union fait la force. En effet, grâce à cela le sénégalais est un citoyen engagé, qu’il y soit résident ou immigré. La vie associative est très riche et les décisions politiques sont surveillées. Ce patriotisme déclinant dans les pays développés, et souvent embryonnaire dans les pays en développement à cause de l’analphabétisation, le sénégalais en a fait une partie de son identité. Il est fier de l’histoire de son pays, du caractère insoumis de sa population et aussi de sa culture.
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